Culture

6 ressources pour comprendre le racisme

C’est officiel depuis le 20 avril, l’ancien policier Derek Chauvin a été reconnu coupable du meurtre de Georges Floyd. A l’occasion de la fin de ce procès historique, j’aimerais vous conseillez quelques ressources pour mieux comprendre les discriminations raciales aux Etats-Unis et en France.

Comprendre le racisme systémique aux Etats-Unis :

  1. The Hate U Give (2018)

The Hate U Give ou La Haine qu’on donne en français est un film américain réalisé par George Tillman Jr.. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme d’Angie Thomas publié en 2017. Nous y suivons l’histoire de Starr Carter, 16 ans, qui vit entre deux mondes très différents puisqu’elle vient d’un quartier principalement habité par des Afro-Américains mais fréquente une école privée, majoritairement blanche. De prime abord le film semble être un teen movie léger mais, le jour où Starr est témoin de la mort de son meilleur ami, Khalil, tué par un policier blanc lors d’un simple contrôle routier, sa vie et le film prennent un tournant radical. Elle va devoir faire face à la presssion qui s’exerce sur elle de toute part et choisir entre se taire pour préserver sa vie ou faire entendre sa voix pour rétablir la vérité. Les événements vont crescendo et l’héroïne devient peu à peu la porte-parole d’un combat pour la justice. C’est un film vraiment touchant porté par la performance remarquable de son actrice principale, Amandla Stenberg.

  1. Dans leur regard (2019)

Dans leur regard ou When They See Us, en vo, est une mini-série Netflix réalisée par Ava DuVerney qui traite du racisme dans le système judiciare américain, en quatre épisodes. L’histoire est inspirée d’un fait divers bien connu aux Etats-Unis : le viol d’une joggeuse, laissée pour morte dans Central Park, à New York, en avril 1989. Quatre Afro-Américains et un Hispanique, qui étaient présents ce soir-là dans le parc, sont injustement embarqués par des policiers blancs. Ils livrent des confessions forcées après 42 heures d’interrogatoire violentes sans sommeil, sans nourriture et sans avocat. Malgré l’absence de preuves matérielles, ils feront entre six et quatorze ans de prison avant d’être innocentés par les aveux du vrai coupable en 2002. Si je vous recommande cette fition, c’est parce qu’elle aide à comprendre, comme sont titre l’indique, le regard que certains Blancs portent sur les Noirs et comment ces quatre adolescents innocents sont directement considérés comme de la “mauvaises graines” du fait de leur couleur de peau. Elle raconte avec justesse le poid du préjugé raciste qui gengraine une institution, censée rendre la justice, dans un contexte de tensions raciales fortes aux Etats-Unis.

Comprendre les concepts :

  1. Femme, race et classe

Femme, race et classe est un classique indispensable pour comprendre le concept d’intersectionnalité. Dans cette ouvrage qui a révolutionné la pensée antiraciste, l’historienne et militante Angela Davis, analyse les liens entre féminisme, racisme et lutte des classes dans la société américaine du XIXème siècles aux années 1970. Elle parle aussi bien du racisme dans le mouvement féministe américain blanc que de la misogynie au sein des mouvements révolutionnaires noirs ce que je trouve personnellement passionnant. C’est un essaie fondateur dans la lutte contre le racisme qui permet de cerner un peu mieux les concepts de white feminism et de mysoginie noire.

  1. Dans le blanc des yeux : diversité, racisme et média.

Dans cet ouvrage, Maxime Cervulle, propose une introduction au concept de “blanchité” qui est plutôt récent en France. Comme avec les masculinités dans les études de genre, je trouve intéressant d’étudier la construction d’une “identité blanche” qui est socialement valorisée et source de certains privilèges afin de mieux comprendre les rapports de domination qui existent entre les individus. Parce que si on reconnait facilement les discriminations que subissent les minorités, certains ont du mal à se définir comme “blanc” sociologiquement parlant parce c’est considéré comme la norme voir comme universel dans l’inconscient collectif. On ne se pose tout simplement jamais la question. L’auteur aborde cette problématique notamment en développant une réflexion sur la représentation de la diversité à l’écran et dans les médias.

Comprendre les questions raciales en France :

      1. Kiffe ta race

Je ne pouvais pas parler de la lutte antiracisme sans vous recommander le podcast Kiffe ta race de Rokhaya Diallo, journaliste et militante antiraciste, et Grace Ly, écrivaine et militante également. C’est une mine d’or pour explorer les questions raciales. Violences policières, discriminations raciales à l’embauche, manque de représentation dans les médias, métissage, islamophobie, appropriation culturelle… tous les sujets sont abordés dans une perspective intersectionnelle et sur un ton complétement décomplexé. Chaque épisode est un subtil mélange entre histoire, sociologie et récits d’expériences, ce que je trouve absolument passionnant. J’aime vraiment beaucoup ce podcast car ses hôtes ne passent pas par quatre chemins et osent employer des termes tels que race, blancs, noirs, arabes, etc sans langues de bois et avec une petite pointe d’ironie à chaque fois. Par conséquent, je ne peux que vous conseillez de l’écouter et notamment mon épisode préféré (bien qu’ils soient tous géniaux) la couleur des sentiments qui traite des couples racialement mixtes et qui est vraiment drôle tout en illustrant une phrase, issue des mouvements féministes, que j’aime beaucoup “le privé est politique”.

      1. Afropea : utopie post-occidentale et post-raciste

Pour finir, j’avais envie de vous recommander un essai que j’ai lu dernièrement, Afropea écrit par la philosophe et écrivaine camerounaise Léonora Miano, dans lequel elle aborde le vécu particulier des “Afropéens”, c’est à dire des Afrodescendants qui ont grandit en Europe dans un contexte minoritaire. Elle réussit à explorer avec justesse et à mettre des mots sur cette identité parfois complexe à appréhender. C’est vraiment intéressant parce qu’elle donne des pistes de réflexion pour se l’approprier et la réinventer sans se sentir entre deux eaux, c’est à dire constemment renvoyer à son origine subsaharienne en Europe et pas vraiment intégrer en Afrique.