THÉRAPIES DE CONVERSION : ENTRE MANIPULATION, HONTE, ET INACTION
Les thérapies de conversion sont apparues aux Etats-Unis dans les années 50. L’homosexualité était alors classifiée parmi les maladies mentales. Ceux à l’origine des thérapies de conversion pensaient que, si l’homosexualité est une maladie, alors on pouvait la guérir. En même temps que la communauté LGBTI+ se battait et gagnait des droits, les thérapies de conversion se répandaient aux Etats-Unis et dans le monde entier. Elles sont aujourd’hui présentes dans beaucoup de pays.
Les groupes à l’origine des thérapies de conversion sont majoritairement des groupes catholiques. Cela fonctionne souvent ainsi : un enfant fait son coming-out à ses parents. Ces derniers sont très religieux, et pensent à tort que l’homosexualité est un péché. Ils se confient à un prêtre, et ils sont recommandés à des groupes faisant des thérapies de conversion. L’enfant fait confiance à ses parents, et partage leurs idées : il accepte de s’y rendre. Ces visites deviennent régulières et durent plusieurs années : le filet est lancé et la proie est prise. Parfois la victime s’en échappe, et vit des années difficiles à cause de l’emprise de ces thérapies. Et parfois elle s’en échappe par la mort.
Qu’est-ce qui s’y fait pour créer de tels dégâts ? Laissez-moi vous citer quelques exemples : lobotomie dans les années 50 et 60, electrochocs, des confessions pour avouer ses “péchés”, des exorcismes pour enlever le “démon”, des psychanalyses louches avec des raisonnements basant l’homosexualité comme le résultat d’une mauvaise relation entre les enfants et les parents…
On pourrait se dire que ce genre de choses est nuisible, qu’il n’y a pas moyen que ces thérapies soient populaires. Or 700 000 adultes américains les ont subies , dont la moitié durant leur adolescence. Cette étude n’a été faite qu’aux Etats-Unis donc impossible de savoir ce qu’il en est en France. Ce nombre montre bien qu’elles sont populaires et continuent d’affecter une grande partie de la population LGBTI+.
Ni les victimes ni les parents ne sont responsables, la faute vient des chefs de ces groupes. Croyez-moi, leurs discours insidieux sont tournés d’une telle façon, utilisant les mots comme il faut : ils font croire qu’ils apportent de l’aide mais ne font qu’apporter de la haine et de la souffrance. Si j’y avais été envoyée sans rien connaître de la communauté LGBTI+ ? Bien sûr que j’y aurais cru, bien sûr que j’y aurais souffert : les propos paraissent tellement sensés, tellement logiques quand on n’a pas le recul. De plus, ce sont les propres parents qui envoient leurs enfants là-dedans : les victimes sont persuadées que c’est pour leur bien. C’est quelque chose qu’il ne faut jamais oublier quand on parle de ces thérapies de conversion : la manipulation est effroyablement efficace.
Ces thérapies de conversion frôlent la définition de secte : les tentatives d’emprise mentale le prouvent. Beaucoup d’Etats essaient de les arrêter : par exemple, l’Angleterre a annoncé le 11 mai qu’elles seront bientôt interdites. Et en France ?
La nouvelle est aussi tombée le 11 mai et a été à l’origine de cet article : Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l’égalité, refuse de mettre en place immédiatement le projet de loi visant à les interdire, créé par Laurence Vanceunebrock. Selon elle, le code pénal et le code de la santé publique condamnent déjà les actes des thérapies de conversion. Il n’y a donc pas besoin de créer une loi particulièrement pour ces dernières car ces mesures suffisent déjà. Or, elles sont évidemment insuffisantes. Pour essayer de la comprendre, je me suis demandée si ces mesures judiciaires étaient en effet utilisées contre les thérapies de conversion, et si donc il y avait eu des plaintes. Mais aucune n’a été déposée. Cela prouve bien que la justice ne s’implique pas, et que ces fanatiques continuent leurs horribles activités en toute impunité. Ce que je pense pouvoir tirer de ce texte, c’est que le gouvernement cherche à rediriger la responsabilité : ce sont aux victimes de s’occuper de ce problème selon eux. Si aucune loi ne les interdisant est votée, elles continueront. Pour que ces souffrances soient arrêtées, il faut que le gouvernement façonne des projets de lois, et agisse : c’est son devoir de protéger ses citoyens.
Certains se battent pour cela en Allemagne, en Pologne… Nous, en France, le pays des soits-disants droits de l’homme, on refuse de considérer des projets de lois potentiels, bafouant ainsi ces droits. Dites merci à Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, de rendre notre pays encore plus ridicule qu’il ne l’est déjà.
Écrit par : Selena, Kamala, et Rémi
Voici nos sources (n’hésitez pas à y jeter un œil !)
–Homothérapies, conversion forcée Documentaire (disponible sur Arte.tv jusqu’en août )