Histoire

La Chapelle de Gay-Lussac : Une sacrée histoire !

Alors que la Nature commence à entrer dans une phase de déliquescence, l’Histoire, elle, perdure comme l’arbre efficient que l’on cultive. Plus précisément, alors que l’automne annonce l’hiver, que les plantes ôtent leur robe colorée, leur volupté pour adopter la simplicité nommée ocre, aujourd’hui ,je vous propose, en cette saison, de faire sortir de l’ombre un monument historique si près de nous au quotidien mais pourtant si inconnu pour certains : je veux bien entendu vous faire part de la chapelle de Gay-Lussac qui affronte encore et toujours la rude épreuve du Temps. Ainsi, laissez-vous transporter au sein d’un chef-d’œuvre humain qui se voit menacer tant de l’extérieur que de l’intérieur.

L’implantation de cette chapelle débute en 1629, sur les ruines d’une première chapelle : autant vous dire que nous avons à faire véritablement à une nouvelle plante prenant le dessus sur une plus vétuste ! C’est pourquoi, prières et très probablement recueillement étaient au programme pour les premiers élèves de cet établissement connu autrefois sous le nom de «Collège des Jésuites».

A l’instar des saisons qui s’envolent, du Temps qui décime des espèces entières, la chapelle de cet ancien collège fut appelée à devenir un lieu emblématique durant un moment clé de notre histoire. Eh oui, la France, connaissant des heures sombres, est à l’aube d’un changement. Le tonnerre de la Révolution, ainsi que ses nombreuses conséquences, grondent et font tressaillir les entrailles de la terre, au cœur d’une France composée en grande partie de ces hommes et femmes d’une condition de vie pour le moins misérable, harassante, et lassante. De même que la France se voit asséchée de ses finances considérablement. De ce fait, l’approche inéluctable de l’ouverture des États Généraux amène les régions de tout le royaume de France à élire des représentants pour chaque ordre respectif. Vous l’avez sûrement deviné, la chapelle de notre lycée fut convertie en une assemblée : estrade et rangées de fauteuils consacrés à chacun des 3 ordres (clergé, noblesse, tiers-état) furent installées ; et la réunion pour débattre de qui seront les députés de leur ordre présents à Versailles, ainsi que l’inscription des problèmes des individus dans les cahiers de doléance, purent commencer le 16 mars 1789.

Au même titre que nous, qui voyons les mois s’enfuir, la chapelle fut le témoin d’événements, et non des moindres, marquants ! Comme je vous l’ai précisé plus haut, avant que notre lycée porte le nom de «Gay-Lussac», celui-ci apparaissait au nom de «Collège des Jésuites». Puis, comme certaines choses sont vouées à disparaître, ou presque, en 1762, on assista à l’abolition de l’ordre des Jésuites, et par conséquent, à la suppression de l’appellation «Collège des Jésuites». Mais n’allez pas pour autant vous imaginer que toute trace du passé est un palimpseste : la chapelle corroborant la preuve que notre lycée est âgé d’au moins 5 siècles ! Ainsi, après cette date funèbre pour ce corps religieux, le «Collège Royal» vint substituer la place de l’ancien nom de cet établissement scolaire. Ensuite, en 1792, lorsque la monarchie constitutionnelle arrive à son terme, en France, le lycée se trouve dans l’obligation de fermer ses portes, pour manque de revenus. Heureusement, sous le Ier Empire de Napoléon Bonaparte, le «Lycée Impérial» (ainsi le nommait-on à cette époque) rouvrit et reprit, d’une certaine manière, du service. Enfin, il faudra attendre jusqu’en 1890 pour que le Lycée Impérial adopte le nom que nous lui connaissons de nos jours.

Mais alors où se trouve la chapelle dans toute cette histoire ? Justement, en 1914, elle fut victime d’une désaffection au culte : en d’autres termes, elle fut désacralisée, et depuis ce jour, elle ne fait plus office de lieu de culte pour les chrétiens ; mais rassurez-vous, elle n’en reste pas pour le moins chargée d’histoire et imprégnée d’un passé catholique. Pour cause, elle abrite depuis 1907 un merveilleux retable (une peinture combinée à un autel).

Et attendez quelques secondes, car la partie la plus alléchante arrive ! N’occupant plus la fonction d’une chapelle, et étant encore éclatante, il fallait bien la rattacher à un domaine spécifique. Alors quoi de mieux qu’un gymnase. Oui, vous ne rêvez pas : la chapelle du lycée connut depuis 1926 la place de gymnase ! Excellent, n’est-ce pas ? Néanmoins, comme le dit le proverbe «Toute bonne chose a une fin», ce que nous pouvons caractériser comme étant le cœur du lycée, a été démembré, à la suite d’une pierre qui a fait s’affaisser une partie du toit : d’où cette fermeture au public.

Certes, vous en conviendrez, suite à ce terrible incident, nous devons bien avouer que la chapelle s’est malheureusement trop conformée à ce dicton… mais pas complètement ! Eh oui, sachez que aujourd’hui des hommes et des femmes œuvrent en permanence dans le but de redonner la splendeur d’antan à cette chapelle, que ces mêmes personnes ne sont pas résignées à abandonner leur combat : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! C’est pourquoi, vous aussi, si vous voulez revivre les heures de gloire octroyées à cet édifice, joignez-vous à ces mêmes personnes, joignez vos forces dans cette édifice qui n’est pas seulement notre chapelle, à nous lycéens et étudiants, mais bien la chapelle de tous les citoyens, joignez-vous enfin à la survie de notre patrimoine, que dis-je, de l’Histoire !