L’art éveille notre âme
L’art n’a pas d’existence propre, il n’y a que des artistes, et ils ont toujours existé. On reconnaît les premiers artistes grâce à leurs ébauches laissées sur les parois de leurs cavernes, et l’histoire de l’art ne s’arrête pas là bien au contraire, elle ne fait que de commencer. Chaque période de l’histoire est importante dans le domaine de l’art. Au 18ème siècle, la revendication des droits de la sensibilité s’affirme, et cela ouvre la voie au romantisme, période durant laquelle l’exaltation des sentiments est primordiale. On va alors découvrir une petite série de grandes oeuvres d’art du 19ème qui ont marqué l’Histoire de l’art.
On commence avec une oeuvre de John Everett Millais, un peintre britannique, qui réalise Un Huguenot en 1852. Cette peinture à l’huile de près d’un mètre de haut et 64cm de large est connu pour sa signification touchante et bouleversante. L’oeuvre se déroule dans la France du 16eme siècle, lorsque qu’il existe des tensions sur le plan religieux.
A première vue, on y voit une jeune couple s’enlacer devant un mur couvert de lierre, une scène de cour emblématique de la peinture victorienne. Cependant, en regardant de plus près, on aperçoit que cette étreinte est en fait une tentative de la part de la jeune femme, d’enrouler un brassard blanc autour du bras de son bien aimé. Celui-ci refuse, en la regardant avec amour mais en l’empêchant tout de même d’un geste de la main empreint de douceur. John Everett Millais dénonce dans ce tableau le massacre de la Saint-Barthélémy, dans lequel des milliers de protestants ont subitement perdu la vie à Paris le 24 aout 1572. Huguenot est le nom donné aux protestants de France pendant les guerres de religion. Certains d’entre eux ont réussi à s’en sortir en portant le brassard blanc, signe de loyauté envers le catholicisme. La jeune femme est catholique et son amant est protestant, elle essaie donc tant bien que mal de le protéger de ce massacre. Le jeune homme, même si c’est douloureux, ne souhaite pas trahir sa religion et n’abandonnera pas sa cause, même si cela implique la mort.
Dans cette oeuvre, l’artiste dépeint une scène de deux personnes amoureuses malgré leur différente religion. A l’origine, John Everett Millais souhaitait simplement peindre un couple, mais un ami, William Holman Hunt, lui a avoué que ce sujet serait trop banal. C’est en assistant à l’opéra Les Huguenots que l’artiste trouve le réel sujet de son oeuvre. Grâce au succès qu’il a connu avec ce tableau, Millais continuera de peindre sur des sujets historiques.
Dans la lignée de John Everett Millais, on retrouve Jules Joseph Lefèbvre, un peintre français qui en 1890 réalise Lady Godiva, une peinture à l’huile émouvante quand on connait son histoire, et la voici:
Au XIème siècle, Lady Godivia était mariée au Compte Leofric, gouverneur de Coventry. Celui-ci soumettait la ville à des impôts accablants. Sa femme étant très contrariée et n’acceptant pas que le peuple paie autant d’impôts avec le peu d’argent qu’ils gagnaient. Elle en a alors parlé plusieurs fois à son mari, mais en vain. Gardant espoir, elle relance le compte et finit par avoir une réponse satisfaisante, ou presque. Lord Leofric, n’en pouvant plus de tourner constamment autour de cette conversation qui l’intéressait peu, proposa à Lady Godiva quelque chose qu’il pensait qu’elle n’accepterai jamais. Il accepterait de baisser les impôts si elle parcourait les rues nue à cheval. A une époque où même laisser entrevoir ses cheveux était une honte, elle y consentit, et couvre son corps nu avec ses cheveux. Cela peut paraître humiliant pour la jeune femme, mais en réalité c’est une marche honorable qui montrait qu’elle était du coté de la population opprimée. Cependant, les habitants étant au courant, personne ne sorti dans les rues au moment de la marche de la Dame. Les rideaux sont fermés, les boutiques aussi, seul un boulanger visible au premier plan, n’a pas respecté cette décision. Le visage de Lady Godiva est en larme, mais elle reste fière de son action, tandis que la servante chargée de conduire le cheval semble stupéfaite mais ne trahit pas le silence régnant dans les rues de la ville.
Pour finir, entre 1883 et 1885, Illia Répine met en scène un événement tragique d’une tristesse profonde. Il dépeint un épisode de la vie d’Ivan le Terrible, un grand-prince de Vladimir à Moscou au XVIeme siècle, et le premier à porter le titre de tsar de Russie. Sous l’emprise de la colère, Ivan porte un coup fatal à son fils suite à une dispute familiale. La femme du fils serait passée en petite tenue sous les yeux d’Ivan, ce qui était offensant pour le tsar. Mais d’autres racontent que ce serait dû à un désaccord politique. Toutefois, Ivan aurait jeté violemment sur son fils un bâton et celui-ci aurait fait une hémorragie, d’où la grande quantité de sang s’écoulant entre les doigts du père. Ses yeux semblent sortir de leur orbite et affolé il essaie de retenir son fils comme il le peut et de contenir l’hémorragie. Son fils pardonne la violence de son père en posant solennellement sa main sur l’épaule de son père avant de mourir. Il était pourtant le seul héritier du trône puisque son frère souffrait d’une maladie mentale.
Répine s’inspire de l’assassinat de l’empereur russe Alexandre II pour peindre ce tableau. L’autre source majeure étant la corrida lors de ses voyages en Europe en 1883, ce qui explique le sang.
Ces oeuvres du XIXème siècle ont marqué l’Histoire de l’art, puisqu’elles sont toutes touchantes et que chaque artiste parvient à émouvoir le spectateur en exaltant les mouvements de l’âme souvent les plus tristes. Hegel a dit: « Eveiller l’âme : tel est, dit-on, le but final de l’art, tel est l’effet qu’il doit chercher à obtenir ». En effet, l’art produit en nous des sensations et il révèle à l’âme ce qui est enfouie en elle. Selon Schiller, la formation du sentiment c’est lorsque nous sommes capable de ressentir, et on éveille cette capacité en observant des oeuvres d’art.